PAROLE AUX PROS #4 - Thierry Bordenave - Partie 2

Retrouvez la partie 2 de notre interview de  Thierry Bordenave, créateur de Les Hommes Ont La Classe ! 

Quels sont les moments gratifiants en tant que formateur ?

Thierry : J'ai la chance grâce à ça de rencontrer plein de professionnels différents, alors que si j'étais dans mon salon je ne verrais que mon équipe et j'aurais le champ des possibles qui serait très restreint.

Par formation, on arrive toujours à avoir un ou 2 ou 3 super éléments vraiment très forts. Et ces éléments, ils nous tirent aussi vers le haut, surtout quand c'est des jeunes. Quand on arrive à mon âge, 48 ans, c'est des jeunes, nous, ça nous met un coup de boost.

Et puis après, ce qui est super intéressant, c'est de voir des filles qui se parlent, qui ont le smile, qui sont contentes et qui ont le sentiment d'avoir passé une bonne journée parce que c'est quand même le but aussi de passer une bonne journée. C'est un lundi, les filles misent sur une formation, elles payent, elles prennent du temps sur leur temps libre, donc c'est le plus important. Quand elles m'écrivent sur les réseaux sociaux, sur Facebook ou Messenger en me disant qu'elles ont adoré la formation et qu'elles ont mis ça en place et tout ça, c'est réussi. Donc ces moments-là ils sont supers et je ne m'en lasserai jamais je pense.

Comment vois-tu l'évolution de la coiffure ?

Thierry : Alors je dirais que c'est nous qui allons faire l'industrie de la coiffure, les coiffeurs, c'est nous qui allons être décideurs des tendances du moment. Puisque quand un client entre dans un salon il fait confiance à un coiffeur, il considère que c'est le meilleur coiffeur puisqu'il a choisi son coiffeur, il a choisi de le payer pour avoir une compétence. Donc il faut guider les clients, leur vendre une expérience client très poussée.

Moi aujourd'hui je milite pour des lieux avec une expérience client forte, ça veut dire que cette expérience il faut la créer. Il faut la penser. Nous chez les Hommes Ont La Classe on l'a créée en 4 piliers. Pendant mes formations, j'essaye d'amener les coiffeurs à créer leur propre expérience. Après, il faut monter en compétences.

Donc moi je vois l'industrie de la coiffure en train de toujours prendre un virage. La coiffure Dames est arrivée à saturation il y a un petit moment, les concepts ont du mal à se renouveler. La coiffure Hommes qui est en train de se gangréner un petit peu et qui devient de plus en plus pauvre.

Aujourd'hui, depuis la Covid et les PGE qui ont été mis en place, les coiffeurs qui ont du mal à rembourser. Beaucoup de salons ferment. J'ai animé une conférence à Paris au MCB sur ça, qui disait "banqueroute dans le monde de la coiffure, opportunité ou catastrophe ?" Pour moi c'est une opportunité pour la coiffure parce que ces coiffeurs qui sont à leur compte et qui galèrent, qui ne se rémunèrent pas, ils vont venir travailler chez les coiffeurs en développement avec de vrais projets, ils vont s'épanouir et se trouver un vrai cadre. Un vrai cadre, c'est ce qui manque dans l'industrie de la coiffure. Donc je pense que ça va se resserrer, il va y avoir moins de salons comme le modèle anglais. En France il y a 100 000 salons pour 80 millions d'habitants. En Angleterre, il y a 20 000 salons pour 55 millions d'habitants. Il y a trop de salons en France, il faut que ça cesse car le système d'auto entrepreneurs a ouvert le champ à n'importe qui. Il faut revenir à des vrais salons, de vrais lieux avec de vrais professionnels avec de vraies compétences pour que le consommateur nous considère enfin. Moi j'en ai marre que les coiffeurs passent pour des cons à la télé avec des clichés de coiffeurs qui doivent évoluer aujourd'hui.

Un conseil pour la jeune génération ? 

Thierry : Il y a beaucoup de conseils à donner mais je dirais d'abord de croire fort en soi. Quand on est jeune souvent on ne croit pas en soi, on n'a pas de légitimité, on a arrêté l'école tôt, on a eu des profs en face de nous incompétents qui nous ont dévalorisés, qui ont tiré sur l'ambulance, qui n'ont pas été capables de voir des jeunes qui avaient des talents pour autre chose. C'est condamnable et ça continue encore aujourd'hui avec ma fille de 18 ans, je trouve ça scandaleux. Donc je leur dirai de garder confiance en eux, c'est très important. 

Je leur dirai aussi de rester humble, parfois on a tendance à s'enflammer. Il faut continuer à se former, on est coiffeurs, qu'on soit connu ou pas connu peu importe. On ne plante pas des arbres dans la forêt amazonienne, on ne sauve pas des vies en Tchétchénie ou ailleurs. On n'est que des coiffeurs, on coupe que les cheveux. Donc avoir confiance en soi mais savoir qui on est et rester droit dans ses bottes. 

Merci à Thierry Bordenave pour cette interview ! 

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